Je n'aimais guère voyager avec la plèbe. Mais je devais bien faire ce sacrifice pour me rendre à Fiery Nest. Malheureusement, les vols réservés aux nobles n'étaient pas courants pour cette destination particulière. Aussi dû-je me contenter d'un vol en première classe, mélangé à d'autres... personnes qui ne méritaient pas de passer ces deux heures en mon illustre compagnie. Par ailleurs, il y avait des... minis poneys. Des enfants qu'ils appelaient ça. Une parfaite hérésie. Les poulains braillaient et galopaient dans tous les sens, laissant le bruit immonde de leurs sabots frapper le bois lustré et abîmé du pont. Mais quelle infamie que de pondre des chiards aussi bruyants ! J'étais si irrité que j'en devenais rude et impoli.
L'arrivée à la capitale des dragons fut une réelle délivrance pour moi. Je fut outré de voir qu'on ne déroulait pas le tapis rouge pour éviter à mes merveilleux sabots de fouler le sol poussiéreux de l'affreuse capitale dragonne. Ils avaient une façon bien particulière de concevoir la beauté. Tout chez eux respirait le manque de goût et de raffinement. Mais pouvait-on vraiment en vouloir à ces créatures immatures ? Très certainement. Il leur faudrait revoir le sens de leurs priorités. Que cessent ces jeux barbares à l'arène qui consistait à se taper dessus. Je n'avais jamais aimé les dragons. A l'instar des Batponies, ils représentaient ce qui se faisait de pire dans ce monde. Ils ne savaient pas apprécier la délicatesse et la beauté des choses. Mais pourquoi étais-je là alors ?
La réponse résidait dans ce petit joyaux vert qui ornait ma délicate corne faite de platine. Il n'était pas comme les autres. Il n'était pas pur mais l'histoire de sa fabrication me donnais des frissons et il paraissais bien plus précieux que toutes les autres pierres qui ornaient ma fabuleuse personne. Mais avant de pouvoir parler plus de ce petit bijou, je me devais de trouver son auteur. Or, les dragons ne m'aidaient pas à m'aiguiller dans leur ville crasseuse et indélicate.
Plusieurs fois, je dû laisser mes délicats sabots fouler ces pavés poussiéreux. La chaleur de l'endroit laissait perler sur mon corps de petites gouttes dégoutantes. Je n'avais qu'une hâte, trouver le bijoutier et partir d'ici retrouver un monde plus civilisé. Finalement, les indications hasardeuses me menèrent vers une... pouvait-on appeler ça une bâtisse ? vers une construction quelque peu particulière. La décrire m'étais impossible tant elle brûlait ma rétine. D'un coup sec, je frappais trois coups sur ce qui semblait être une porte en bois. De la poussière s'éleva, me faisant tousser. N'ayant pas de réponse et ayant horreur d'attendre plus que ça, j'entrais dans la construction qui était tout aussi particulière à l'intérieur. Je me raclais doucement la gorge pour indiquer ma présence. Que les dragons pouvaient êtres rudes et impolis de ne pas venir accueillir l'alicorne sacrée que j'étais.
"Il semblerait que votre affreuse petite boutique ait enfin son premier client de la journée" dis-je d'une voix royale et distinguée. Quel genre de créature allait venir à ma rencontre ? Une créature aussi hideuse que cet endroit ?
Les journées que passaient le dragon étaient tout ce qu'il y avait de plus monotone, surtout sur sa terre natale. Il y avait énormément de combats, des tournois de force et pleins d'autres conneries du genre. Ce que font des dragons, quoi. Sauf pour Midnight car lui était tout ce qu'il y avait de plus différent de ses semblables, minuscule créature ailée guère impressionnante, celui qu'on osait combattre tellement il pourrait se briser comme une brindille sous la patte d'un autre dragon. Au final, le dragonnet s'était habitué à sa différence, trouvant un autre moyen de s'occuper grâce à ses excroissances qui ressemblaient à des bijoux.
Il les taillait, leur donnait forme ou les laissait tel quel pour les vendre. Ses pierres étaient très rares, d'une haute valeur. Midnight savait que ses excroissances, beaucoup le jalousaient et il s'en riait. S'il n'était pas doué au combat, il était au moins doué pour faire pousser ses excroissances grâce à la quantité de nourriture qu'il ingurgitait.
Midnight était préoccupé dans sa petite cuisine, là où guère autre dragon pourrait y passer, même pas un poney adulte. Grâce à cette pièce qui donnait à une réserve gigantesque de nourriture en tout genre, dans l'impossibilité de se faire voler que par des petits êtres comme lui. Le dragon ne prenait pas vraiment le temps de cuisiner, même, il ne se souciait guère d'avoir un repas digne de la princesse Twilight. De la nourriture reste de la nourriture, qu'importe sa forme.
Le reptilien ailé attrapa quelques morceaux éparpillés sur l'établi, les passant dans sa gueule sans même les mâcher et avala d'une traite, ne s'arrêtant que lorsqu'un bruit au loin se fit entendre. Un dragon savait quand on rentrait dans son antre, voleur ou autres, Midnight était prêt à défendre son territoire, lâchant le morceau de viande qu'il avait dans sa patte alors qu'un autre bout pendait de sa gueule. Puis, agile de par sa taille, le petit être passa de sa cuisine, traversant les couloirs pour débarquer à quatre pattes dans sa boutique.
Pas de voleur. Pas de dragon affamé qui pourrait de sa force. Simplement un steak sur pattes qui semblait guère aimable. Décidément, Midnight n'aimait pas la bouffe qui se moquait de lui. Aussitôt, l'adorable dragon bâtit des ailes, ne prenant le temps de saluer l'étranger dans sa boutique comme feraient les autres dragons. Lui, il n'était pas du genre très poli, surtout quand il se sentait agresser. Il bomba le torse, tapotant alors la corne du steak sur pattes.
La première bouffe. Oui. Oui. Dragons déjà passés. Pas la bouffe.
Grogne le dragon en se souvenant très clairement le passage de quelques semblables dans sa boutique. Mais un poney, cela se faisait rare. Peut-être devrait-il changer la devanture de son atelier ? Il cligne des yeux, agitant sa queue dans le vide avant de reprendre la discussion.
Ancien client ?
Il marmonne. Avant de filer derrière son comptoir, sortant alors un gros livre où il marquait ses plus gros clients. Peut-être devrait-il avoir le nom de celui-ci ? Qu'est-ce que c'est déjà ? Alicorne ? Bien sûr que ça ne lui dit rien et il s'en fiche, passant chaque page pour vérifier les noms. Personne d'autre que lui ne peut lire cette écriture enfantine, quasi illisible. Mais Midnight n'a appris qu'à écrire auprès des poneys, il y a de cela longtemps.
Que cherche la bouffe ?
Demande-t-il alors en relachant le gros bouquin sur le comptoir, fixant le steak ailé de ses grands yeux vairons.
Une étrange petite chose vint à ma rencontrer. Je ne réalisais que tardivement qu'il s'agissait d'un dragon. Un petit dragon. Je fis un pas en arrière lorsqu'il tapota sur ma corne, réprimant avec peine une grimace de dégoût. Cet être avait une singulière façon de s'exprimer. Ses phrases, bien que compréhensibles, manquaient cruellement de charme. Elles étaient rustres, barbares... C'est pour cela que je n'aimais pas frayer avec les dragons. Ils étaient rustres et sans intérêt. Le fait de me faire traiter de bouffe, quel mot vulgaire, titilla ma patience. Je relevais la tête, posant sur le dragonnet un regard froid. Je n'eus pas le temps de répondre. Le rustre personnage enchaina les phrases plus hideuses les unes que les autres avant de s'éclipser derrière le comptoir. Je soupirais doucement tout en regardant le petit personnage s'affairer dans les pages de son gros livre. Le temps d'un instant je me demandais s'il était ce genre de créature possédant une déficience mentale. Je n'aimais pas les défauts. Et s'il s'avérait être l'une de ces créatures handicapées, le dialogue risquerait d'être compliqué...
Mon regard froid et intrigué fixait le petit dragon. Il ne pouvait pas être le bijoutier des rumeurs. Pas une petite chose aussi mal élevée. Je haussais les épaules, tous les dragons étaient mal élevés, tout comme les batponies. Il répéta encore ce vulgaire mot qu'était bouffe et cela pour me désigner. Je soupirais, largement agacé par son comportement. Le commerce ne devait pas être son fort, ce qui expliquerait l'état peut recommandable de la bâtisse. Sans réellement m'approcher, je me raclais la gorge, tentant de faire fit de ses insultes répétées envers ma personne.
"De prime abord, je ne suis pas de la... bouffe," dis-je d'un ton hautain avant de continuer, toujours plus orgueilleux. "Je suis Sweet Dream, l'illustre alicorne de la beauté et l'héritier de la Maison de la Rose Rouge. Je vous prierez d'employer des termes adéquats pour vous adresser à ma personne." J'avançais d'un pas dans la petite bâtisse. Mes pas soulevaient la poussière du sol, rendant inconfortable le fait de respirer. Je toussais doucement avant de replonger mon magnifique regard dans celui étrange du dragonnet. "Savez-vous où je puis trouver le faiseur de pierres rares ? Dit-on que c'est un dragon ayant la capacité de faire pousser des pierres plus belles les unes que les autres. Il me semble que je me trouve déjà dans sa boutique. Mais je ne vois pas bien où il peut être." Je soupirais de nouveau, avalant par la même occasion de la poussière qui me fit tousser de plus belle. Ce taudis avait besoin d'un bon coup de balais et vite. Comment pouvait-on vivre dans pareille crasse ? L'endroit possédait tellement de poussière que les ornements de mes sabots avaient perdu de leur éclat doré. J'étais presque sûr que mon beau pelage blanche ne l'était plus autant. Cet endroit me donnais envie de vomir. Je serais déjà parti si je n'avais pas à coeur de récupérer un bijou fait de ces précieuses pierres. "Au cas où vous ne l'auriez pas encore comprit, je suis un client." Mes derniers mots furent prononcés sèchement, démontrant tout l'agacement dont je pouvais faire preuve.
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[HRP : Désolée pour le ton condescendant de Sweet et son intolérance envers les personnes handicapées.]
Le petit dragon ignorait le regard froid que la nourriture à quatre pattes lui posait. Il était bien assez préoccupé pour pouvoir aller le défier, cherchant dans ses pages un quelconque dessin de ce poney alléchant. Bien sûr, il n'y trouva rien de tel. Peut-être était-ce un cadeau ? Midnight se gratta les écailles, lâchant finalement son bout de viande sur le comptoir pour s'approcher de nouveau de son visiteur, l'examinant du sabot jusqu'à la corne.
Tant avoir muscles, sang, toi être bouffe. Bouffe très alléchante.
Dit-il avant de fournir un petit sourire mauvais au bout de sa grande gueule. La petite créature laissa donc l'animal se promener dans son magasin avant de se faire assaillir par un lourd regard qu'il n'appréciait guère. Midnight râcla sa gorge se relevant doucement sur ses deux pattes arrière pour prendre un peu plus de hauteur, agitant sa queue avec frénésie.
Si toi alicorne être, agrandir moi avec magie.
Grogna le petit dragon, bombant fièrement son torse alors que de la fumée sortit de ses narines. De plus, si c'était bien une alicorne, où était donc la garde royale ? Le reptilien avait beau être un dragon, il savait quand même réfléchir plus loin que le bout de son museau. Il n'allait pas se faire aussi facilement par un imposteur qui pourrait très bien venir le voler.
Finalement, il tapa sa queue sur le sol, laissant alors tomber quelques pierres de croissance de son corps qu'il ramassa aussitôt. Puis, d'un geste humble et délicat, s'envola du sol pour aller les ranger dans une boîte sur une étagère, faisant bien attention de ne pas faire tomber les articles d'à côté.
Déjà sous tes yeux.
D'une voix simple et monotone avant de redescendre sur son comptoir, s'allongeant et agitant la queue comme un chiot tout en penchant sa tête sur le côté.
Oh... La bouffe être client ? Quel besoin ? Nouveau bijou ?
Dit-il cette fois plus intéressé, ignorant le fait que son repas soit très agacé par l'endroit et son comportement. Sans crier gare, Midnight plana jusqu'à l'alicorne, battant doucement des ailes pour examiner le corps qui se trouvait devant lui et déposa une patte pour le caresser. C'était sur, cette viande devait être d'une sacrée qualité, d'une tendresse à le faire saliver. Pourtant, l'herbivore devrait se calmer un peu, ça n'attendrit pas du tout la viande.
Mmmh. Ornements sabots ? Nouvelles cornes ? Plumes en cristal ? Que veut la Bouffe ?
Je secouais la tête de dépit. Traiter avec cet énergumène s'annonçait sportif. Bien que mon égo fusse terriblement touché, je décidais de prendre à nouveau sur ma noble personne pour ignorer les insultes qu'il me lançait. J'étais seul, sans garde rapprochée. Qui vaudrait faire du mal à la magnifique alicorne que j'étais ? Personne. Ma simple présence intimidait les faibles qui reconnaissaient en moi un souverain d'une beauté insoutenable. Mais cela ne devait pas marcher sur les simples d'esprit. Je soupirais doucement tout en redressant la tête et en bombant le torse. Ca n'était pas un micro dragon qui allait me faire peur.
Ignorant parfaitement ses insultes qui m'agaçaient au plus haut point, je me laissais à me balader dans sa miteuse boutique. Il n'y avait rien de bien extraordinaire à vrai dire. On en faisait très vite le tour. Elle était poussiéreuse, trop petite pour moi et chacun de mes pas soulevait un nuage de saloperies qui venaient entacher ma très belle robe blanche. Il n'y avait vraiment rien qui indiquait qu'il s'agissait de la boutique de l'incontournable bijoutier aux pierres étranges. Pourtant, il fallait croire que c'était le cas...
L'injonction qu'il me posa me déstabilisa quelque peu, me sortant de ma réflexion. Je posais sur lui un nouveau regard glacial et dédaigneux. "Vous n'en êtes guère digne, petit dragon" dis-je d'une voix royale et hautaine, méprisante. Nous pouvions être deux à jour à ce petit jeu pervers de l'insulte et du mépris. Et à ce jeu, j'étais fort, très fort. Toute ma vie avait consisté à regarder la plèbe de haut.
Ce petit manège dura un instant avant que le petit dragon ne brise ce cycle vicieux. Il tapa de la queue sur le sol, décrochant de son corps des cristaux. Le ton qu'il employa pour me répondre ne fit qu'affirmer ce que je savais déjà : il était insupportable et très peu commerçant. Sans rien dire, je l'observais s'affairer à ranger ses cristaux puis j'approchais du comptoir en faisant bien attention à ce que mes grandes et belles ailes ne touchent rien. Nettoyer un pelage était une chose, nettoyer des plumes était une affaire qui relevait plus de l'enfer qu'autre chose.
Il était imprévisible. Si imprévisible que lorsqu'il plana vers moi, je n'eus pas le temps de reculer ni même d'esquisser le moindre geste. Le sentir me touché était la pire des choses qui fusse. J'en frissonnais, me sentant violé dans mon intimité. Très vivement, je me reculais, bousculant par la même occasion un présentoir disposé derrière moi. Le regard que je posais au dragon était si agacé et énervé qu'il devait bien sentir qu'il avait dépassé les bornes. J'étais à deux doigts d'en appeler à la garde pour cet affront. Ma la curiosité continuait de me titiller et j'avais vraiment envie d'avoir ce bijou exceptionnel.
"Si vous souhaitez que nous fassions affaire, il faudra arrêter de me nommer "la bouffe". Je suis Sweet Dream, héritier de la maison de la Rose Rouge, alicorne de la beauté suprême." Je fis une pause avant de secouer doucement la tête. "Vous êtes donc ce fameux bijoutier... Sachez que vous devriez apprendre à être plus commerçant et à mieux traiter votre clientèle !" Je lançais un très bref regard à ce que je venais de renverser. Cela semblait sans importance. De toute manière, il n'y avait rien que ma maison ne pouvait acheter, surtout avec le commerce parallèle de mes chers géniteurs. "Vous mettrez ce petit accident sur ma note. Je cherche en effet un nouveau bijoux des plus délicats pour venir orner ma sublime corne. Je vous fournirais un modèle sur lequel vous pourrez travailler. Attention, il est hors de question de toucher ma corne. Je vous vois venir avec vos mains baladeuses !" Je me reculais encore, mettant le plus de distance entre le dragon malsain et ma propre personne.
Je secouais de nouveau la tête, plus nerveux que jamais. Bien que je ne sache pas me battre, je savais que mes réflexes étaient bons. Si le dragonnet s'approchait encore trop près de moi, les coups partiraient sans que j'eusse à réellement réfléchir.
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