Les soirées mondaines. Ces soirées où le gratin de la société désirait se pavaner et montrer sa richesse à d'autres qui n'en avaient que faire. Ces soirées respiraient l'hypocrisie. Mais j'aimais ces soirées où j'étais le centre pervers des attentions. Les gens venaient me féliciter, me couvrir d'éloges. Ils ne tarissaient de mots sur ma beauté et flattaient mon si précieux égo. Ces soirées étaient aussi l'occasion pour la maison de la Rose Rouge de montrer la délicatesse de ses mets et la richesse de ses vins onéreux. Le personnel était trié sur le volet, choisit parmi les meilleurs de Canterlot. A n'en pas douter que ces soirées étaient couteuses. Cependant, elles rapportaient également beaucoup car c'était pendant ces rencontres qu'il nous était donné de signer les plus gros contrats.
Plongé dans les affaires plus douteuses les unes que les autres, mes parents traitaient avec toute sorte de clientèle. Leur commerce était bien une chose dans laquelle je refusais de mettre mon nez. Cela risquait de ternir ma réputation et de toute façon, je n'avais pas l'âme un commerçant. Seule ma beauté était primordiale à mes yeux. Je me fichais bien de dilapider les fortunes familiales si cela me permettais d'avoir un teint toujours plus blanc et des bijoux toujours plus clinquants. Mais ce soir était particulier. La maison de la Rose Rouge avait à traiter avec d'autres nobles que ceux de l'Eternal Magic Kingdom. Il arrivait parfois qu'ils organisent des soirées où des représentants étrangers étaient présents, notamment des nobles du Crystal Empire. Parfois ceux du Sunrise Empire avec qui j'aimais échanger sur la délicatesse de leur culture. Mais ce soir... Ce soir était une hérésie. D'un regard froid et courroucé, je fusillais ma mère du regard. Cette dernière haussa les épaules et rejoignit mon père. Ils attendaient de hauts dignitaires pour la signature d'un contrat important et quoi de mieux que d'organiser une soirée mondaine coûteuse et excentrique ?
Je soupirais doucement en croisant les regards fendus de nos invités. Afin d'éviter d'agresser leurs immondes yeux, la salle de réception avait été plongée dans une semi pénombre, éclairée simplement par divers chandeliers. Tout cela donnait une ambiance bien sympathique et presque excitante. Si on oubliait, bien entendu, les batponies qui foulaient sans honte le sol marbré de MA demeure ! La tête haute, je déambulais au travers ces barbares qui me gratifiaient, le plus souvent, d'une politesse intriguée. Leurs yeux arriérés n'avaient jamais eu l'occasion de voir pareille beauté, pareil soleil illuminer leurs pupilles fendues. J'espérais sincèrement que mon pelage blanc les faisait souffrir. J'espérais également que le cliquetis de mes nombreux bijoux gênait leur ouïe fine et sensible.
Il arriva, malheureusement, l'instant où je dû, en parfait héritier de la famille, prendre la parole. La soirée était avancée et tous les convives, du moins ceux attendus, devaient êtres arrivés. Avec élégance, je pris le chemin des escaliers centraux. Ils surplombaient la salle de réception de leur beauté baroque. D'abord centraux puis se séparant pour mener à chaque aile de la demeure, ils possédaient des marches de marbres sur lesquelles était posé un magnifique tapis de velours du rouge propre à ma famille. C'était le rouge que nous portions depuis des années avec fierté. Je gravis quelques marches, surplombant ainsi l'assemblée. D'un raclement de gorge, j'attirais l'attention sur la fabuleuse personne. J'ouvris légèrement mes ailes.
"Bien le bonsoir, chers invités. La Maison de la Rose Rouge vous remercie pour votre présence ce soir. Nous espérons que cette réception se passe au mieux pour vous." J'inclinais légèrement la tête en signe de politesse avant de leur offrir un sourire. Des applaudissements respectueux s'élevèrent brièvement avant que le brouhaha des discussions ne revienne. Je soupirais doucement et je repris ma déambulation au travers la foule, posant sur ces gens un regard las, retenant des grimaces de dégoût.
J'arrêtais soudainement mon regard sur l'une de ces immondices qui salissait le sol de ma salle de bal. Il paraissait plus arrogant que les autres présents ici. Je secouais légèrement la tête en grognant imperceptiblement avant d'accepter une coupe de champagne que me proposait l'un des domestiques embauché pour l'occasion. Je me mis à le siroter doucement, laissant mon regard bleu se perdre dans la foule.
Canterlot. Voilà une ville où te rendais très peu. Tu avais eu un meilleur ami Pégase étant plus jeune, mais tu l'avais perdu de vue et depuis tu n'avais plus côtoyé d'autres poney de son espèce, comme si devenir ami avec un autre de race ailé pouvait être considéré comme une trahison envers ton amitié avec Swift Shadow. Mais il y a quelques jours de cela tu avais reçu une lettre avec le cachet officielle de la Maison de la Rose Rouge qui te conviait à leur traditionnel banquet d'hypocrite. C'était bien la première fois que tu étais inviter à te joindre à leur petite sauterie mondaine pour des raisons évidentes de racisme. Tu fut d'abord surpris à la lecture du courrier mais tu avais finalement accepté d'assister à la réception. Ce n'était pas de gaité de cœur, mais c'était l'occasion idéale pour la Maison du Croissant de Lune de faire quelques bonnes rencontre dans le but d'agrandir toujours plus la richesse familiale. A l'époque déjà tu étais obligé de te rendre à ce genre de soirée en compagnie de ton père. Après tout, tu était son unique héritier et il aimait te montrer tel un trophée à ses relations les plus intimes, car on ne pouvait pas les qualifiés d'amis. Désormais, tu étais seul noble de la Maison du Croissant de Lune encore en vie, n'ayant toi-même aucun héritier pour l'heure. Tu étais donc le seul à pouvoir répondre aux obligations administratives du domaine.
Le dit soir venu, tu quittais ton manoir pour te rendre dans la demeure immaculé du compte de Canterlot. Tu n'étais apparemment pas le seul Batpony présent, une première dans l'histoire des affaires. Tout était prévu pour favoriser la cohabitation. Les quelques bougie plongeaient la pièce dans une ambiance tamisé facilement supportable pour toi, sans pour autant rendre aveugle les Pégases. Toute la haute société était réuni, exhibant leur plus belle richesse et tu n'échappais pas à la règle. En effet, des rubans rouge pimpants dans les crins, des pétales de rose parfumés et surtout tes plus belles parures de platine, le symbole même de ta maison brillait de mille feu. Un sublime croissant de lune qui ornait ta somptueuse chevelure. Les domestiques veillait à ce que personne ne manque de rien et dès ton arrivé tu fit servit d'un très bon champagne dans une coupe en cristal. Tu te promenais parmi les tient discutant noblesse et autres banalité jusqu'à ce que le jeune héritier du comte prenne la parole. Plus jeune que toi, son pelage d'ivoire arborait les magnifique reflets d'or de ses crins soyeux et bien peignés. Tu étais agacé de le voir au centre de l'attention, mais tu esquissa un sourire de fierté, car au fond tu te savais bien plus beau que lui. En bon hypocrite que tu étais, tu avais applaudit a la fin du discours du jeune noble aux bijoux clinquants.
Alors qu'il redescendait de son piédestal, son regard azuré sembla se poser sur toi, un air de dégout sur le museau. Tu souffla des naseaux de mépris en l'observant boire si délicatement son grand cru, comme s'il faisait semblant d'aimer ça dans l'unique but pour faire bonne figure. Tu le fixais que tes yeux vairons avec beaucoup d'assurance tout en sachant que ta présence l'importunait au plus au point. Tu décidais alors de rendre ce moment encore plus long et désagréable pour lui. Tu t'avançais vers lui d'une allure aérienne avec beaucoup de prestance dans ta posture pour engager une conversation avec celui que l'on surnommait l'Appolon de Lumière. Même si tu étais convaincu au fond de toi qu'il était le seul à se donner ce surnom prétentieux.
« Bonsoir, je tenais à remercier pour votre invitation. Il est rare de constater une telle ouverture d'esprit de nos jours. Sachez que votre demeure est en tout point ravissante. »
Tu buvais goulument de ton pétillant onéreux, jouissant de l'effet que tes ennuyeuses paroles auraient sur le noble Pégase avant d'esquisser un sourire avec toujours autant d'hypocrisie mondaine.
Suite à mon discours, je repris mon ennuyeuse promenade au travers les convives qui me saluaient avec respect. Tout ceci était futile mais quelque part j'aimais cette futilité. Mon regard accrocha une immondice sans nom. Mais étrangement, sa laideur m'attirais plus qu'elle ne me repoussais. Etait-ce une de ces effets pervers de la curiosité ? Il s'approcha de moi et me gratifia d'un sourire courtois que je lui rendis dans la plus grande hypocrisie. Je ne me souvenais pas l'avoir déjà croisé. A vrai dire, tous les bals qui étaient organisés à la Lunar étaient évités par mes soins avec le plus grand dégoût. Je refusais de mettre les pieds dans un endroit pareil.
Il m'adressa la parole, captant ainsi toute mon attention et gâchant mon précieux temps. Je soupirais doucement tout en inclinant la tête poliment. Je n'avais que faire de ses paroles. Tous ici me répétaient la même chose à longueur de temps. Qu'est-ce qui faisait que j'accrochais plus à ses mots qu'à ceux de ses autres congénères dégénérés présents ce soir ? Aucune idée. Et le fait de ne pas savoir me frustrais énormément. Je secouais doucement la tête, affichant de nouveau de faux sourire que je m'étais collé aux lèvres pour la soirée. Mon regard se posa sur lui, détaillant doucement l'être affreux qui avait osé attirer mon attention. Malgré l'aspect immonde de sa race, il dégageait tout de même une certaine prestance qui était bien au dessus de celle des autres nobles. Voilà une personne qui savait ce que sont rôle signifiait. Je relevais la tête, affichant de même cette prestance qui découlait de ma personne.
"Je vous remercie" dis-je simplement avant de prendre une gorgée de champagne. Le meilleur qui fusse et le plus cher, assurément. Il venait de l'empire de Cristal réputé pour ses pétillants au goût particulier et son vin de fraise blanches. Mes géniteurs savaient s'entourer des meilleurs. Tout ici provenait de mains de maitres. Les matériaux étaient choisis avec attention et j'avais même eu l'occasion d'aller moi même choisir le précieux bois qui composait les tables du buffet. Un bois qu'une famille rattachée à la mienne depuis quelques générations produisait avec savoir faire. Mais aller les voir était toujours une partie de déplaisir car je ne pouvais voler en forêt et tremper mes délicats sabots dans la terre et la boue m'horripilais au plus haut point. Mais je reviens à mon interlocuteur qui lui aussi se délectait du très riche nectar.
"Je n'ai pas le plaisir de vous connaitre" dis-je pour débuter une conversation polie, formelle et ennuyeuse. Rien ne me retenais, et pourtant je restais car il était sûrement la chose ennuyeuse la moins pénible de la soirée malgré toute l'horreur que je portais à sa race de barbares. Je venais de lancer le jeu de la mondanité hypocrite. Une hypocrisie dans laquelle je me complaisais et où j'aimais naviguer. Car il était plaisant d'avoir des compliments et de sentir les regards sur soi, aussi faux soient-ils. Par ailleurs, notre accroche ne passait pas inaperçu aux yeux des autres nobles qui commençaient déjà à chuchoter, prêts à garder en mémoire les meilleurs ragots à raconter derrière une tasse de thé. Pathétiques. Tout simplement. Mais j'aimais en jouer, aussi-je me déplaçais-je pour me montrer sous mon meilleur angle tout en laissant mon regard d'une bleu intense posé sur l'horreur qui me servait d'interlocuteur.
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